Murder on my mind • Hime Watanabe

Sourire étirant tes lèvres alors que tu pianottes sur ton l'écran de ton portable, sous le regard attentif de ta camarade de classe. Une bonne pote, un peu collante certains jours mais tout de même très gentille. Fille t'ayant approché sans trop d'innocence les premiers jours. Car elle sait que tu es l'héritière d'une des plus grandes sociétés du Japon. Parce qu'elle sait qui t'entoure. Et les personnes les plus proches de toi ne sont pas des anges, c'est un fait. Sans doute voyait-elle en toi le pass parfait pour atteindre une personne qui l'intéresse. Manque de pot, tu lui as dit qu'elle n'avait qu'à se débrouiller et que les petites hypocrites sont loin de plaire à celui qui fait battre son cœur. Réalité comprise. Ce qui ne l'a pas empêché de rester à tes côtés, affection s'étant tout de même développée pour ta petite personne. Elle t'observe, Hime, souriante. 《 Je te trouve de bien bonne humeur aujourd'hui, Watanabe-san.》 Tu lèves les yeux vers elle, verrouillant ton appareil d'un simple geste du pouce. 《 C'est interdit ? 》 Sourire innocent. Elle secoue la tête. C'est vrai, tu es de bonne humeur, semaine suivant un merveilleux week-end offert par ton petit-ami. Un séjour près de l'agitation de la mer. Souvenirs heureux. Un séjour qui vous a fait le plus grand bien et qui n'a fait que renforcer votre lien. Amour à son paroxysme. Tu n'as pourtant pas une tête de bien heureuse, mais on voit bien que depuis la semaine passée, tu as clairement repris du poil de la bête. D'ailleurs, tu as quelques petites projets pour cette semaine... Mais en attendant. 《 Dis-moi, tu veux bien m'accompagner voir mon frère à son entraînement de basket aujourd'hui ? Je n'aime pas aller là-bas toute seule. 》 Haussement de sourcil. Tu es assez surprise par cette demande mais, quitte à ne rien faire ce soir, autant suivre ton bon cœur et accepter la proposition.

[...] Yeux bleus observant le terrain. Tu ne t'y connais pas vraiment en basket, ce qui rend l'échange plus ou moins ennuyant. Si ton meilleur ami était là, il te dirait de simplement profiter de la vue en rigolant, sachant parfaitement que c'est vraiment le cadet de tes soucis. Ou plutôt de ton intérêt, surtout depuis que tu es avec Aoi. Et c'était déjà comme ça avec ton ex. Il n'y a qu'une personne qui t'intéresse et c'est ton petit-ami. Loyauté. Mais il n'est pas là. En revanche, tu as très vite repéré celui qui se qualifie comme étant son ami : Taiga. Est-ce toujours le cas ? Peu importe. Cela ne change rien au fait qu'il t'a laissé une très mauvaise première impression. Méprisable.

Coup de sifflet annonçant la fin de l'entraînement. Tu laisses ta camarade rejoindre son frère, l'attendant dans un coin en de la salle avec ton portable en main. Le temps d'envoyer un message à ton père.
Ballon roulant à tes pieds.
Tu ranges l'appareil puis saisit l'objet, remarquant ensuite ton poursuivant une fois que tu te redresses. Sans doute la dernière personne que tu souhaites approcher en ce moment. À juste titre. À peine arrivé à ta hauteur, sa voix s'élève, s'adressant à te petite personne. Remarque qui te fait doucement sourire. 《 Je te donne l'impression d'en avoir besoin ? 》 Sourcil haussé. C'est vrai que ça fait toujours un choc d'apprendre que tu as fait de la boxe dans l'un des meilleurs centres du pays. Si pas le meilleur. Que tu faisais parties des meilleurs. Que tes muscles ne sont pas si mous qu'on ne le croit, la natation les travaillant. Que tu es vive, rapide, souple, avec plus de force qu'il n'y paraît, surtout dans les jambes. Qu'on t'a déjà montré quelques prises de self-défense aussi. Ouais, sa question est légitime. Petite fleur fragile et sans défense aux yeux du monde.
Tu lui rends le ballon, lui lançant ce dernier entre les deux mains. 《 Beau match sinon, je suppose. Même s'il n'y avait pas beaucoup de challenge. 》 Tu n'as pas spécialement envie de lui faire la conversation. Mais tu es honnête et surtout, tu es polie. Et puis, même sans trop t'y connaître dans ce sport, tu as l'œil assez aiguisé pour voir que le niveau entre les deux équipe n'était pas identique. Et encore... Même quelqu'un avec une case en moins l'aurait remarqué.

Sortir les griffes. Voilà bien quelque chose qui t'arrive rarement et pourtant, quand elles sortent, elles n'ont pas perdu de leur tranchant. Des regrets, beaucoup en ont eu après t'avoir un peu trop cherché. Mais tu sais qu'il existe des gens sur cette Terre qui sont plus difficiles à démonter. Soit par leur force, soit par leur stupidité. Tu sais, ceux qui n'apprennent pas de leurs erreurs et qui se braquent, estimant que seuls leurs sentiments et leurs avis méritent d'exister. Tu te demandes à quelle catégorie appartient Taiga. Car tu doutes très peu, Hime, sur l'inexistence de la capacité de ce Taiga à voir au-delà de sa petite personne. Tu en as bien eu un aperçu le jour de votre rencontre. Ce type, tu n'arriveras pas à l'aplatir de si tôt... Parce que ce n'est pas tellement ton genre, au final, de vouloir faire du mal. Parce que tu ne veux pas perdre ton temps avec des types comme lui. Pourtant, tu en fréquentes, des personnes qui lui ressemblent, sur certains aspects. La différence, c'est que tu as une emprise sur eux, grâce à une place que tu t'es faite dans leur cœur. Taiga, il t'a à la mauvaise, tu le sais, et tu n'as pas spécialement envie de le faire changer d'avis. Ce serait peine perdue. Tu lui as pris son précieux "ami", qui t'a plus semblé être son jouet favori qu'autre chose et ça, tu sens qu'il n'est pas prêt de te le pardonner. Quelle triste ironie tout de même.

Tu n'es pas trop surprise qu'il ne t'ait pas remarqué. En revanche, sa fausse tentative d'humour te surprends légèrement mais plus encore, elle te désespère. Finalement, c'en est presque amusant. Tu ne caches pas ton sourire, léger, avant d'ouvrir ta jolie petite bouche. Lèvres légèrement roses bougeant avec grâce.  Gueule d'ange. 《 Je te dirais bien de ne pas prendre tes rêves pour une réalité, mais ce serait trop facile et surtout faux. Après tout, ma gueule de crevette est la dernière chose que tu souhaites voir, n'est-ce pas ? 》 Haussement de sourcil. Autant utiliser son langage. On comprend toujours mieux ce qui est à notre niveau, n'est-ce pas ? Dire que ce type vient d'une famille ayant aussi du pouvoir dans le Japon. Même monde et pourtant, votre éducation est définitivement bien différente. Enfin, a-t-il seulement été éduquer ?

Tu le laisses s'éloigner de ta face de crustacé, reprenant ton portable en main afin de répondre à un nouveau message. Puis, une fois cela fait et ton portable de nouveau rangé, tu croises les bras sur ta poitrine. Qu'est-ce qu'elle fait ta camarade, au juste ? Elle est partie draguer les coéquipiers de son frère ? Ça ne t'étonnerait même pas. Vraiment, c'est bien son genre. Et alors que tu pousses un soupire d'impatience, la voix du basketteur s'élève à nouveau, te décrochant un merveilleux "tss" plein de sous-entendu.  Sérieusement ? On ne te l'avait jamais faite celle-là. Mais s'il aime y croire. 《 Waw, je ne te savais pas aussi contradictoire. T'es malade ou juste croyant ? 》 Dis-tu sur un ton qui laisse clairement comprendre que ce petit jeu ne fonctionne pas sur toi. Il s'est sans doute cru dans un film. Tu préfères autant qu'il te demande clairement les choses plutôt que de jouer les idiots qui changent d'avis quand bon leur semblent. Pourtant, tu déposes tout de même tes affaires pour te mettre la main à la pâte. Que se passe-t-il, Hime ? Tu te fais avoir ? Non. Tu es juste gentille mais surtout... 《 Plus vite ce sera rangé, plus vite on pourra retourner à nos petites vies. 》 Tu veux t'éloigner de lui. Tu ne souhaites pas plus le voir que lui a envie de te voir. Autant en finir rapidement.

Tu auras tout vu, tout entendu. Tu appartiens à un bien drôle de monde, Hime. Tu n'es venue que pour une chose : accompagner une pote. Ni plus, ni moins. Pourtant, tu te retrouves seule avec Taiga, la dernière personne avec qui tu aurais voulu être en tête à tête, juste parce que tu es trop gentille. Gentillesse quand tu nous tiens...  Ça t'agace. Tu te méfies de lui et à juste titre ; tu sens au plus profond de toi que ce type est capable du pire. Tu as déjà eu un aperçu de son caractère, de sa cruauté. Les mots d'Aoi résonnent encore dans ton esprit troublé : "Ne restes pas seule avec lui", "S'il se passe la moindre chose, préviens moi". Qui peut connaître Taiga mieux que lui ? Ils sont proches - où l'étaient - c'est un fait. Dérangeant certes, mais un fait. Et si même ton petit-ami s'en méfie... C'est juste de la folie, Hime. Tu t'en rends compte. Alors tu restes sur tes gardes, matériel entre les mains, parcourant le terrain de basket d'un pas rapide. Plus vite vous allez, plus vite vous serez dehors, loin de l'autre. Tu as peur, Hime ? Non, ce n'est pas vraiment ça. Ce n'est pas toi qui hante tes propres pensées mais bel et bien Aoi. La simple idée qu'il puisse souffrir... Ça te fait mal, te serre le cœur. Alors tu veux filer, partir loin, éviter ce type autant que possible. Tu as déjà causé bien trop de tourments à celui que tu aimes pour en rajouter une couche. Pourtant, tu t'accroches...

Mais le destin est bien cruel, Hime. Tu en sais quelque chose. L'univers aime se jouer de vous, pauvres mortels, soumis à des lois à la fois étranges et injustes. Tu n'as même pas eu le temps de plier les jambes, de déposer les deux ballons, ni même de comprendre ce qu'il se passait que la porte se ferme derrière toi. 《 Qu'est-ce que- 》 Surprise. Incompréhension. Tu te retournes d'un geste vif, lâchant les deux balles qui rebondissent sur le sol, te précipitant vers la porte que tu tentes d'ouvrir. Mais rien n'y fait. Et ces paroles. Comment ça ? Qu'est-ce qu'il raconte ce type ?! Ton sang ne fait qu'un tour et tu donnes un coup sur la porte, violent. 《 Ouvre ! 》 Peine perdue. Tout le monde est déjà parti et tu le remarque au manque de lumières sur le sol et au bruit de porte qui se ferme au loin. Enfoiré. C'est une blague. Une grosse blague. Est-ce que c'est lui qui a manigancé tout ça ? Tu te tournes vers Taiga, le dégoût clairement lisible sur ton visage, la voix agressive. 《 C'est toi qui- .... ? 》 Mais tu vois sa mâchoire serrée. Tu es vive, Hime. Tu comprends rapidement : non, il n'avait pas prévu ça. Il a été pris au dépourvu autant que toi.  《 Non, t'en savais rien non plus... 》 Dis-tu à voix basse avant de soupirer. 《 Ton pote est un con. 》 C'était sec. Une vérité à tes yeux. Sérieusement... Ce genre de personne te désespère. Tu fouilles ta poche, celle dans laquelle tu as l'habitude de mettre ton portable... Sauf que... 《 Mince, j'ai laissé mon portable avec mes affaires... 》 Juste pour être sûre qu'il ne glisse pas de ta poche pendant que tu rangeais. Tu ne prends même pas la peine de demander à Taiga s'il n'a pas le sien. C'est évident qu'il ne l'a pas, sauf si faite du basket avec son portable en poche est la nouvelle mode. 《 Il n'y a pas un gardien qui passe par ici, pour vérifier que personne ne traîne la nuit ? 》
Sérieusement. Pitié, que ce soit le cas.

C'est la merde, Hime. Tu ne veux pas être ici. Tu ne veux pas être avec ce type. C'est vraiment la dernière chose que tu voulais. Et pourtant, te voilà bel et bien ici, coincée, avec lui. Tout ça parce qu'un de ses potes a cru bon de vous offrir un petit moment d'intimité. La bonne blague. Non... Pas un pote, un blaireau. Tu haïs ce gars que tu ne connais pas et pourtant, tu lâches tout de même un rire amer aux mots de Taiga. Rire qui veut tout dire : "évidemment, à quoi d'autre devrais-je m'attendre de ta part ?".  Qui donc mérite d'être plus qu'un jouet à ses yeux ? Aoi ? Vous n'avez pas la même définition de l'amitié... Ni même de l'amour. T'es pas aussi bête qu'il veut le croire, Hime ; tu sais voir plus loin que le bout de ton nez. Tu sais accepter les différents point de vue, les différents comportements... Mais dès l'instant où on fait du mal à ceux que tu aimes...C'est une autre histoire.

La suite n'aide absolument pas à changer quoi que ce soit à ton point de vue. Sans rire ? Tu ne savais pas qu'un local de rangement pouvait être si excitant ! Les bras croisés sur la poitrine, les yeux rivés sur le jeune homme, tu hausses un sourcil. Une expression qui, une fois de plus, en dit bien long ; "Et qu'est-ce que ça peut me faire ? Comme si tu aurais abandonné si c'était moi qui te l'avait demandé ! T'as qu'à calmer tes pulsions ou assumer tes actes jusqu'au bout. C'est pas mon problème."  Mais tu t'abstiens, Hime, fille patiente, calme, se laissant rarement allée aux excès et à la méchanceté. Oui, tu es encore trop gentille, te contentes de soupirer alors que tu cherches une solution pour vous sortir de là. Sauf que tu n'en trouves aucune.  《 Donc on attend patiemment que l'autre "blaireau" revienne nous ouvrir. Ou alors une personne plus innocente, parce que bien sûr elle ne se fera pas d'idées sur la situation, c'est évident... 》 Qu'on ne te fasse pas croire des conneries. Tu sais très bien que les gens peuvent croire tout et n'importe quoi même quand tout prouve le contraire. Tu aurais dû prévenir Aoi ou tes parents que tu es venue ici... Mais tu ne pouvais pas prévoir autant de bêtises.

Tu restes posée sur le mur, tête baissée, la relevant soudainement lorsque la voix de ton partante d'infortune résonne dans la pièce. Grimper ? Est-ce qu'il est sérieux, Hime. Tu le regardes, perplexe. T'asseoir sur ses épaules pour regarder à travers cette petite fenêtre ? 《 T'es sérieux ? Je te grimpe dessus et je cherche un camarade ?! 》 C'est... À la fois plus ou moins malin et complètement idiot. Mais c'est la seule solution qu'il vous reste et mieux vaut la tester : avec de la chance, beaucoup trop de chance, vous sortirez d'ici plus vite et éviterez un peu plus les ennuis et fausses idées. Mais étrangement, tu doutes que la chance vous sourit. Soupire.

Te voilà donc, Hime, à approcher le monstre et à passer délicatement tes jambes autant de ses épaules comme une enfant. Ce sera suffisant ; il est grand et ainsi, tu n'auras pas besoin de jouer les équilibriste tout en offrant une vue que tu ne souhaites pas lui offrir. Tu le pourrais mais comme tu sais l'éviter, non. Mais ça reste très... malaisant. D'ailleurs, tu sens le sang te monter aux joues mais tu tentes de l'ignorer, te concentrant sur ta tâche. Heureusement, tu es légère, privée  de toutes graisses inutiles, ton poids se trouvant plutôt dans les muscles discrets que la natation t'as offert. Et l'athlétisme. Et la boxe. Mais c'est surtout natation depuis un moment déjà.  《 C'est le vide total. 》 Soupire. Et malheureusement, la fenêtre n'est pas du tout adaptée à une fuite. Beaucoup trop petite et impossible à ouvrir.

"Oui, j'entretiens ce qui me sert de cerveau" penses-tu alors que tu tentes de ne pas lever les yeux au ciel. Respire. Tout va bien se passer. Jeune fille calme et patiente. Il te met à l'épreuve mais tu es une battante, refusant de céder à tes pulsions, celles qui te donnes envie de lui cracher - pas au sens propre - en pleine figure. Ce type est insupportable. Tu en as pourtant l'habitude, Hime, de ce genre se personnes. Tu en as vu des vertes et des pas mûres, mais tu as toujours tenu le coup, refusant de devenir un animal sauvage comme eux. Il n'y a pas de raisons que ça change pour lui, n'est-ce pas ? Bon sang, vous devez  vraiment sortir d'ici. Et c'est bien pour cette raison que tu acceptes de l'approcher. Un peu trop près à ton goût. Mais à part attendre, il n'y a pas d'autres solutions. Alors tu prends sur toi, acceptes qu'il te porte sur ses épaules, ignore son commentaire déplacé et observes. Sauf qu'il n'y a rien. Pas un chat. Misère. Soupire. Tu continues tout de même de regarder, afin de t'assurer que tu n'es pas devenue malvoyante. Mais non, tu es en parfaite santé, yeux compris.

Contact sur ta peau. Tête baissée afin d'observer cette main qui n'a rien à faire là. 《 Euh... Serisawa-san ?》 Polie. Un besoin instinctif de mettre de la distance. Tu n'aimes pas ça. Un pincement. Rien d'agressif. Tu aurais préféré que ce soit le cas. Tu n'aimes pas ça du tout. 《 Hé ! 》 Ah parce qu'il aime tes cuisses ? Ouais, tu l'as remarqué et c'est bien pour ça que tu l'interpelles ainsi. Tu n'aimes pas qu'on te touche sans ton consentement, surtout ainsi. Tes cuisses, ce n'est pas une zone ouverte au grand public !

Ses mains bougent et là, tu n'as qu'une fraction de seconde pour comprendre. La fenêtre disparaît pour laisser apparaître le plafond. Le vide. Il t'a balancé en arrière. Ton cœur s'accélère, ton sang ne fait qu'un tour. Tu viens placer tes bras en arrière, légèrement pliés, touchant le sol de tes petites mains. Une poussée soudaine d'adrénaline. Tu tends les bras pour empêcher ta tête de toucher le sol, projettes tes jambes en profitant de l'élan de ta chute. D'abord quasi à genoux, tu te redresses rapidement. Ton cœur menace de quitter ta poitrine. Si tu n'avais pas eu de bons réflexes... Si tu n'avais pas eu de bons bras... Tu serais sans doute sonnée, dans le meilleur des cas. Inconsciente dans le pire... Quoi que...  Inspire profondément. Expire. 《 J'ai juste de bons réflexes et de bons bras. 》 Non, tu n'as pas envie de faire de l'humour, là tout de suite. 《 L'avantage d'avoir fait de l'athlétisme, de la boxe et de la natation. 》 C'est dit si naturellement, l'air de rien, alors que tu replaces tes affaires correctement. 《 Je n'ai pas trop envie de mourir tout de suite, vois-tu ?! 》

Ton cœur se calme mais ton esprit est toute alerte, près à envoyer n'importe quel ordre à ton corps si ton interlocuteur venait à faire le moindre geste de travers. Tu en as conscience, Hime. Tu dois te méfier de ce jeune homme. Aoi te l'a dit. Le concerné te l'a fait comprendre. Et sa réponse ne fait que confirmer sa dangerosité, conséquence d'une haine qu'il ne cherche pas à te cacher. Il te souhaite malheurs plus que tout, souhaite que tu ne sois plus qu'un tas de chair sans forme distincte. Aucune colère, Hime... Car c'est la surprise qui domine toute autre émotion que tu peux ressentir. Un choc. Bien sûr, tu ne t'attendais pas à ce qu'il s'inquiète, à ce qu'il prononce le moindre mot qui laisserait entrevoir un minimum d'acceptation. Vu votre interaction de l'autre jour, tu as déjà compris qu'il est du genre cash... trop cash. Mais tu restes humaine, Hime. Qui ne serait pas là, yeux écarquillés, cœur battant (de nouveau) et sans voix dans une telle situation ? Dire que tu as peur n'est pas le terme exacte, mais il te dérange. Beaucoup.

Inspire. Expire. Reste calme.

Une nouvelle fois, il ouvre la bouche. Tiens, il fait semblant d'être agréable ? Ou c'est juste une façon bien détournée d'exprimer un quelconque agacement ? Tu le fixes un instant, silencieuse, avant de te rendre à l'évidence : vous êtes coincés jusqu'à ce que quelqu'un arrive. Ça peut être rapide, comme prendre plusieurs heures. Tu te mets dos au mur, à distance raisonnable de ton partenaire d'infortune, te laisses glisser sur le sol, peu soucieuse de ton inconfort. Tu veux juste sortir d'ici, ne cherches pas à faire la conversation. Mais lui... Lui n'est pas de cet avis, continue sur sa lancée. Malaise. Malsain. Tu fronces les sourcils. Il ose, sans limites. Bref rire amer quittant tes fines et douces lèvres. 《 Je ne vois pas en quoi ça te regarde. 》 La réponse, il la sait. Il l'a déjà. Aoi la lui a déjà donné ce jour-là. Alors que veut-il obtenir avec une telle question ? Où veut-il en venir ?

Souvenirs remontant à la surface. Relation que tu as apprise à tes dépends. Un éloignement qui t'avait fait sombré une fois de plus dans la sous-alimentation. Des pleurs, des hurlements... Mais aussi un week-end que tu n'aurais jamais imaginé après un tel obstacle. Juste quelques heures après vos retrouvailles. Tu dois être rassurée, Hime. Tu l'es. C'est toi qu'il a choisi. Alors tu pourrais rire. Tu pourrais le narguer. Tu pourrais lui en vouloir d'oser l'appeler "son Aoi" après ce qu'il a dit et fait. Pourtant... Il n'en ai rien. Tu n'y arrives pas. Car tu n'es pas ainsi... Car depuis ce jour, une question te trotte dans la tête... Et si tes doute ont lieu d'être, tu ne peux pas te moquer. Tu ne peux pas réellement lui en vouloir... Pas pour ça. 《 Tu l'aimes ? 》 Tu ne sais pas si tu dois t'attendre à une réponse... Mais tu essaies...