the wrong number [délai accordé]

Une évidence, ça a toujours été une évidence, n’est-ce pas Yuki ? Cette attirance pour ce monde qui ne te ressemble en rien. T’es pas née avec une cuillère en argent dans la bouche, et pourtant, c’est ce que t’aurais voulu. On ne choisit pas sa famille, t’en es bien conscience, mais on choisit ces amis ? Ce n’est pas ça le dicton ? Ce que tu veux toi, c’est simple : être ami avec eux ; avec l’élite. Mais commençons par la base : tu n’as pas été accepté.

Un succès, déception, revers, chute, bide, faillite, fiasco... L’échec.

On ne va pas se mentir, l’échec c’est vraiment un gros con. Un emerdeur de première qui ne sert que à nous déstabiliser, nous sous-estimer et nous donner la possibilité de baisser les bras dès la première occasion. Tu t’es toujours dit que c’est à ce moment-là que se forge le caractère, qu’on apprenait à garder la tête haute et à surmonter les obstacles de la vie : les échecs. Ça t’es tombé dessus et tu ne t’y attendais pas, après tout, on ne s’y attend jamais en fait. Tout se passe bien dans ta vie et d’un coup tout s’effrite. Tu as l’impression que tout s’écroule, que le ciel te tombe sur la tête, que tout ce que tu as construit n’a servi à rien et que tu vas devoir tout recommencer depuis le début. Alors ouais, certes tu vas peut-être devoir tout recommencer, tu vas sans doute en voir de toutes les couleurs pendant quelques temps. Tu vas même surement pleurer parfois et tant mieux d’ailleurs, c’est bien de pleurer, d’éliminer, d’aller mieux comme on peut et de prendre le temps qu’il te faut pour pouvoir te relever. Les gens te diront qu’il a pire dans la vie, que ce n’est pas la fin du monde, que tu ne vas pas en mourir. Tu es d’accord avec eux, tu ne vas pas mourir, il y a pire et que ce n’est pas la fin du monde non plus mais c’est quand même un gros coup dans ta fierté, d’échouer, de se planter bien comme il faut. Tu remets tout en question en te demandant à quel moment cela a pu t’échapper. Tout ça tourne en boucle dans ta tête et tu commences par te poser un milliard de question. Tu ne sais pas quoi faire, ni même où tu dois aller mais tu te rends comptes que tu ne peux pas t’arrêter là. Pas tout abandonner parce que si tu as échoué, c’est que tu as tenté ta chance. Pourtant, quand ta mère a demandé si tu avais réussi, le seul mot qui s’est enfuit de tes lèvres et un “oui”. C’est le début de ton mensonge, le début d’une vie inventée.